mercredi 16 septembre 2015

Du chômage


Au travers de mon analyse, j'aimerais faire part de mon expérience et des difficultés rencontrées en la matière en tant que chômeur, surtout à l'heure où les règles deviennent de plus en plus drastiques vis à vis de cette catégorie.


J'ai quitté l'armée en 2007, pour des raisons diverses et variées dont des changements familiaux ( décès de ma mère, prise en charge de mon frère handicapé), mais surtout volonté de quitter suite à des problèmes avec des personnes de cette institution qui se sont déroulés sur le temps et dans l'espace.


J'ai décidé de faire moi même ma propre reconversion en m'orientant dans le social et plus particulièrement le service à la personne. J'ai tout mis en oeuvre pour réussir à la force de mon intelligence, de ma volonté, de mes moyens humains et matériels propres dans ma situation et condition qui n'étaient et ne sont toujours pas des plus stables et sont extrêmement précaires. Je n'ai nullement choisi de faire ce que nos administrations nous imposent conventionnellement comme Pôle emploi, et d'autres dans ce domaine. Je ne me suis nullement fait assisté, même si je dois souligner que des personnes m'ont aidé matériellement de temps à autre.
J'ai tout mis en oeuvre selon ma pensée mon sens analytique, pratique et pragmatique, en m'appuyant sur mes expériences personnelles et professionnelles. J'ai défriché le terrain petit à petit, je me suis informé, je me suis formé, j'ai dépassé le cadre des acquisitions conventionnelles et formalistes des savoirs en la matière pour acquérir une connaissance au-delà de ce que le métier de service à la personne demande et exige normalement.
J'ai travaillé dans ce secteur en rencontrant beaucoup de difficultés en dépit d'une compétence qui va au-delà de ce que ce métier exige. Des difficultés liées peut-être au fait d'être un homme, des difficultés liées à la conjoncture actuelle, mais surtout des difficultés  liées à une réputation comme lorsque j'étais à l'armée. Je ne me suis pas contenté d'évoluer dans ce domaine de métier en ne faisant que le minimum syndical, mais bien plus. J'ai même voulu entreprendre dans ce domaine en travaillant en indépendant, bien que mes moyens matériels et financiers ne permettaient pas et ne permettent toujours pas d'être entrepreneur.
J'ai alors opté pour le travail via le CESU (chèque emploi service universel) pour contourner ces contingences matérielles et financières et m'assurer un travail en toute indépendance et toute liberté de gestion de temps, d'organisation, de méthodologie de travail, etc. Le peu que j'ai effectué et le peu que j'ai gagné en la matière étaient disproportionnés par rapport aux compétences déployées dans ce domaine.


La sporadicité du travail, les difficultés à  se faire connaître, les refus et barrières mises sur le chemin dans ce domaine, en dépit de compétences largement supérieures à ce que cela est exigé dans ce métier, m'ont alors obligé à revoir encore une fois une réorientation professionnelle dans un domaine de métier différent mais qui s'appuyait sur un intérêt particulier pour ce métier et quelques connaissances basiques, afin de ne pas à avoir à tout apprendre encore une fois.
Aussi début 2015, j'ai décidé en relation avec Pôle emploi de me réorienter en hôtellerie-restauration pour faire une formation de cuisinier avec option traiteur. J'ai tout fait pour intégrer cette formation et je connais mes capacités et facultés en la matière, étant donné mon parcours personnel et professionnel, qui en dépit d'être instable et chaotique, a été très formateur et m'a permis d'en tirer des enseignements de qualité pratiquement et pragmatiquement. Sans négliger que c'est par obligation et sous la contrainte d'une situation, liée à des problématiques dont j'aurais pu me passer, que j'ai dû me réorienter.
J'ai tout mis en oeuvre pour réussir à intégrer cette formation. J'ai suivi le cursus conventionnel imposé par Pôle emploi en y mettant toute mon énergie et encore une fois au delà de ce qui était demandé basiquement, j'ai fait une remise à niveau personnellement pour passer les tests de français, de mathématiques, d'anglais, de géographie, de cuisine, j'ai préparé seul mon entretien, en bref, j'ai mis toutes les chances de mon côté pour réussir à intégrer cette formation. Cependant, elle m'a été refusée sous prétexte de ne pas avoir répondu à un des critères exigés par la réglementation procédurière et formaliste, autant que celles et ceux qui la mettent en application : pas d'immersion en milieu de travail pour se faire une idée des conditions et de savoir si ce métier correspond bien à ce que désirer faire. A cela, il faut ajouter un entretien durant lequel je n'aurai pas été convaincant. Quant aux tests, ce n'était qu'un critère de positionnement sans grande importance. Tout en ajoutant que ces décisions reposent aussi et  essentiellement sur la nécessité de ne pas avoir un retour de bâton des organismes décideurs et financeurs comme la région, qui imposent des règles strictes en matière de formation. Même si je conçois que cela est justifié au regard des problématiques rencontrées sur le temps et des moyens financiers mis en oeuvre dont il faut être sûr de les investir à bon escient et avec les bonnes personnes.
Toutefois, à la vue de ma situation, le regard aurait pu être autre et analysé différemment, d'autant qu'à ce jour je me retrouve avec plus rien et que cette situation me donne l'impression d'un "j'm'enfoutisme", d'un conventionnalisme et d'un formalisme environnant.


On exige beaucoup du chômeur, on veut être sûr et certain de l'investissement en celui-ci. Toutefois en tant que chômeur on s'investit, on s'efforce de se donner les moyens (souvent sur ses propres capacités matérielles et humaines en dépit de cette précarité inappropriée, car vous demandant des efforts surhumains usants et fatiguants), on espère en dépit de cette incertitude permanente, on n'a pas le droit à l'erreur, on doit toujours donner satisfaction, il faut toujours être à la hauteur en dépit de sa situation et de sa condition, bref le chômeur doit être exigeant, performant, et doit convaincre face un système qui n'est qu'un véritable rouleau compresseur composé de personnes procédurières, formalistes, conventionnelles qui traitent le chômeur comme une marchandise qui passe au test de pré-sélection pour être sûr de sa conformité aux regards de ces règles qui en deviennent inhumaines, inadaptées et dont le seul à en pâtir est le chômeur qui doit faire face à sa situation avec nécessité et exigence, même quand il se donne les moyens de réussir et que tout lui glisse entre les mains. Il s'investit donc à perte, mais cela on s'en fout ! Et demain on viendra frapper à votre porte pour justifier de vos efforts en matière de recherche d'emploi, de reprise de travail, etc. Et si, là encore, vous ne répondez pas aux exigences, on vous radiera. Alors, de temps à autre, il faudrait faire le point de ces investissements en tant que chômeur, sur ses propres moyens matériels et humains, dont le résultat n'aboutit jamais à rien, en dépit des efforts parfois surhumains.


Aussi comment être autant exigeant dans ces situations et demander de telles conditions à des chômeurs, quand la société ne peut même pas être aussi exigeante vis à vis de l'individu dans sa condition en général, mais surtout sa condition dans le monde du travail ou rien n'est sûr et ne peut être assuré avec certitude, et l'exigence en matière de respect des règles est loin d'être une réalité juste et équitable. Et comment exiger au chômeur d'être sûr et certain de ses choix, quand le chômeur s'investit et qu'il n'a aucune certitude que ses investissements portent ses fruits. Paradoxal ce système et cette société.


Écrit et Posté le 16 Septembre 2015.


Mr Franck Delaby


La Rose noire
 

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